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 Liberté d’expression et tauromachie

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Daniel
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MessageSujet: Liberté d’expression et tauromachie   Liberté d’expression et tauromachie EmptyJeu 31 Juil 2008, 17:55

Liberté d’expression et tauromachie

Peut-on parler de tout en France ? L’été dernier, le Bureau de vérification de la publicité avait censuré un spot télévisuel produit par trois associations opposées à la corrida. Cet été, c’est la direction d’un complexe cinématographique de Bayonne qui vient de censurer un spot également opposé à la corrida. Ce poids d’un lobby sur la liberté d’expression des idées, pour anecdotique qu’il soit, illustre que, si la France n’est pas la Chine, elle a encore des progrès à faire.
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Si on considère l’ensemble de la planète, la France fait bien sûr partie des pays où l’on s’exprime le plus librement.
Pour autant, on sait bien que, même dans les démocraties, la liberté d’expression trouve ses limites naturelles dans la collusion entre les sphères médiatiques, politiques et économiques. Ce n’est pas aux lecteurs d’Agoravox que je vais l’apprendre.
Un exemple assez curieux attire l’attention en France : c’est l’omerta qui entoure la tauromachie.

Une censure singulière vient de l’illustrer : le 28 juillet, le complexe cinématographique Mega-CGR de Bayonne a subitement retiré de ses écrans un spot opposé à la corrida, qu’avaient financé trois associations de défense animale (la FLAC, la SPA et la FBB). Sa programmation était prévue jusqu’au 12 août.
Bayonne est une des principales places taurines françaises. Son député-maire, Jean Grenet, est coprésident à l’Assemblée nationale du groupe d’études tauromachiques, et a été jusqu’en avril dernier président de l’Union des villes taurines françaises.

Rappelons brièvement l’étrange statut de la corrida espagnole en France. Ce spectacle consiste à enfoncer durant vingt minutes divers instruments de métal (des piques, des banderilles, des épées, des poignards) dans la chair d’un taureau (six par corrida) jusqu’à sa mort. Il a été importé d’Espagne à partir du milieu du XIXe siècle (la première corrida a d’ailleurs eu lieu non loin de Bayonne), et fait l’objet depuis le milieu du XXe siècle d’une dérogation pénale unique en son genre. En effet, interdit sur les neuf-dixièmes du territoire français en tant que « sévices graves » et « actes de cruauté » sur animaux, il est autorisé dans certaines zones de 11 départements du sud de la France, au titre d’une « tradition locale ».

Cette pratique, vestige d’un âge où les animaux étaient considérés comme les simples jouets des hommes, suscite de nos jours une très large réprobation. Les enquêtes d’opinions montrent que les trois quarts des Français y sont opposés, et cela même au sein des zones où elle persiste.
De nombreux militants de la défense des animaux dénoncent ce scandale, pointent également son effet particulièrement délétère sur l’esprit des enfants, et réclament l’application du Code pénal sur l’ensemble du territoire de la République.

L’été dernier, une censure comparable avait défrayé la chronique : un spot anti-corrida destiné à la télévision, produit par la SPA en collaboration avec le CRAC et la FLAC, avait été refusé par le Bureau de vérification de la publicité (Cf. l’article d’Agoravox).
Pour mémoire, M Sarkozy avait répondu, début août 2007, à ceux qui s’émouvait de cette interdiction : « Vos deux courriers relatifs à l’interdiction de diffusion par le BVP de spots télévisés dénonçant la corrida, et à la contradiction entre cette position et le fait que les arènes ne soient pas interdites aux enfants et aux adolescents, me sont bien parvenus. [...] Le Grenelle de l’environnement, qui se tiendra à l’automne, sera l’occasion d’aborder la question des rapports entre la publicité et l’environnement. D’ici là, je veillerai à ce que la demande que vous avez formulée soit étudiée par le gouvernement et qu’une réponse vous soit apportée au plus vite. »
Bien entendu, le rôle du BVP n’a nulle part été abordé. Et la question de l’interdiction des arènes aux enfants et aux adolescents a été balayée d’un revers de main lors des Rencontres animal et société clôturées le 8 juillet dernier, ainsi que toutes les autres propositions des défenseurs des animaux, car « non consensuelle ».


Ainsi donc, à deux reprises, des associations financent la réalisation d’un message et sa diffusion, mais on leur oppose une censure immotivée. La pression du « mundillo », le petit monde de la tauromachie, sait donc se faire efficace. Il faut dire que ceux qui vivent de la corrida sont particulièrement motivés pour la défendre. Dans les municipalités taurines, la collusion entre des intérêts politiques locaux et des intérêts économiques locaux est criante.
A Bayonne, les arènes sont gérées par une régie municipale, sous la direction d’Olivier Baratchart, qui confie l’organisation des corridas à une société privée, la Casa Chopera. Le petit monde de la tauromachie répète à l’envi que les corridas génèrent des rentrées d’argent. Restons à Bayonne et contentons-nous des chiffres officiels de la dernière saison (la « temporada 2007 ») : 247 255 euros de déficit ! Les éleveurs et les toreros peuvent dire merci aux contribuables.

D’autres exemples de censure existent. En avril dernier, Jean-Paul Fournier le maire de Nîmes, autre place taurine, refusait à l’Alliance Anticorrida la salle pour tenir son Assemblée générale, une semaine avant la date prévue. Cependant, cette fois, le tribunal administratif de Nîmes statuait en référé que « le maire de Nîmes porte atteinte de manière grave et immédiate à la liberté de réunion. »
Il existe heureusement des magistrats indépendants des lobbies politiques et économiques.
Et notons en passant qu’il existe aussi des journalistes choisissant de s’afficher à rebours de ces lobbies.

Les opposants à la corrida demandent simplement que le Code pénal soit appliqué sur l’ensemble du territoire français. Ils cherchent à interdire non pas une parole ou une opinion, mais une pratique consistant à infliger de la souffrance pour le plaisir. Les partisans de la corrida, quant à eux, répliquent tout simplement en cherchant à réduire au silence leurs contradicteurs. Ils cherchent à les interdire de parole, à empêcher l’expression de leur opinion. Et ceci par un tour de passe-passe usé : en les accusant d’être des extrémistes dangereux. On aura reconnu la vieille ficelle utilisée par tous les régimes totalitaires pour étouffer leurs opposants.

Les amateurs de corridas manquent cruellement ( !) d’arguments pour justifier leur passion. C’est pourquoi leur ligne de défense consiste essentiellement à disqualifier leurs contradicteurs. Il s’agit d’un des sports favoris des « revisteros », les plumitifs spécialisés dans la chronique taurine. Parmi ceux-ci, André Viard, dont l’existence se confond avec la tauromachie au point qu’il a mis au point un instrument de lobbying pompeusement intitulé « l’Observatoire des cultures taurines ». Cet homme tout en nuance qualifie à répétition les opposants à la corrida de dangereux terroristes liberticides. Il affectionne particulièrement le terme « talibans », ce qui prête à sourire de la part de quelqu’un qui ne jure que par la « tradition ».

Il file la métaphore sunnite en ces termes dans son « édito » du 28 juillet : « En outre, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’alliance objective existant entre les associations anti-taurines et les extrémistes animaliers, les premières étant pour les seconds, toutes proportions gardées, ce que certaines écoles coraniques sont à Al-Quaïda : le bouillon de culture idéologique dans lequel germent les ferments de l’intolérance et de la xénophobie qui poussent les plus irresponsables au passage à l’acte. ». Et le président de l’Observatoire des cultures taurines enchaîne : « Selon nos informations, la coïncidence entre la nouvelle campagne médiatique fomentée par certaines associations, la tentative d’instrumentalisation de la justice contre le petit Michelito [un enfant de 11 ans qui se produit dans des corridas] et les attentats perpétrés un peu partout en France par les écoterroristes, inquiète en haut lieu, au point que les manifestations annoncées par les associations anti-taurines pour Bayonne et Dax pourraient être interdites car il y a tout lieu de craindre qu’en les laissant se dérouler on ciblerait pour les extrémistes de nouveaux objectifs. Une responsabilité que les préfets concernés ne semblent plus très sûrs de vouloir prendre. Et ils ont parfaitement raison. »
Bingo ! On doit interdire aux opposants à la corrida de manifester leur désaccord, car ils ouvriraient la voie au terrorisme ! Il fallait oser, M. Viard l’a fait. Je me garderai d’évoquer la célèbre réplique des Tontons flingueurs...

En tout cas, dans son « édito » du 30 juillet, le président de l’Observatoire des cultures taurines se félicite de la censure du spot contre la corrida par le complexe cinématographique de Bayonne : « suite à diverses interventions, le spot en question a été retiré » [...] « la France entière sait qu’une fois de plus les antis ont perdu. » Ça a le mérite d’être clair. M. Viard assumerait avec talent le rôle de ministre de l’Information en Chine ou de ministre de l’Intérieur au Zimbabwe.

Tout ceci peut prêter à sourire, mais est doublement affligeant.
D’abord, parce que des taureaux continuent à être massacrés avec des raffinements de cruauté.
Ensuite, parce que ces entorses à la liberté d’expression, pour de vulgaires intérêts locaux, laissent imaginer ce qu’il peut en être lorsque sont en jeu des intérêts encore plus puissants. Mais bon, ceci ne va pas empêcher la France de donner des leçons au monde entier.
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