INTERVIEW – Chercheur à Harvard, William Lensch explique à 20minutes.fr les conséquences de cette décision...
De notre correspondant à Los Angeles
En 2001, George W. Bush limite drastiquement les recherches sur les cellules souches embryonnaires (voir encadré), en interdisant notamment aux scientifiques l’usage de fonds publics. En 2006, le Congrès lève ces restrictions. Mais le président, expliquant qu’il trace là une «ligne morale», dégaine son véto (le prélèvement de ces cellules, en général sur des embryons surnuméraires âgés de quelques jours, entraîne leur destruction). Lundi, Obama s’apprête à honorer une promesse de campagne et à revenir sur la décision de son prédécesseur. William Lensch, chercheur au Harvard Stem Cell Institute, ne cache sa joie.
Votre première réaction, en apprenant la nouvelle?
Un grand soulagement, une immense joie et une excitation à l’idée des projets que nous allons pouvoir entreprendre. Nous avons aux Etats-Unis de formidables infrastructures. Mais dans notre domaine, la plupart du financement des recherches vient de fonds fédéraux. Les restrictions de Bush nous avaient mis des chaînes. Cela devenait même insensé quand un laboratoire recevant des aides publiques ne pouvait quasi pas travailler sur les cellules souches embryonnaires à moins d’avoir un second labo pour s’assurer qu’aucun instrument financé par l’Etat ne soit utilisé.
Avez-vous pris du retard sur d’autres pays pendant ces années?
C’est difficile à dire, mais c’est certains que face aux restrictions, de nombreux scientifiques ont préféré ne pas se lancer dans certains projets. Certains pays comme Singapour font de ces recherches et de la science en général une priorité économique. Espérons qu’Obama fasse de même et tienne ses engagements.
Des chercheurs ont dit avoir réussi à obtenir des cellules souches embryonnaires sans détruire l’embryon. Où en est-on?
Disons qu’il n’y a pas de consensus. On n’est pas certains que les embryons n’aient pas de problèmes dans leur développement. Et selon les croyances de chacun, prélever même une cellule, peut ne pas être éthique. Une autre piste sur laquelle nous travaillons en revanche est les cellules souches pluripotente induites (iPS cells). L’idée est de travailler sur des cellules souches adultes (qui ne peuvent pas se différencier en n’importe quel type de cellule, à la différence des embryonnaires) et de les «reprogrammer» leur noyau pour leur donner les mêmes propriétés. Mais on n’en est encore qu’aux balbutiements.
Philippe Berry
Cellules souches embryonnaires, kezako
Ces supers cellules peuvent se différencier pour produire tous les types de cellules humaines (sanguines, nerveuses, musculaires...). Cette spécificité en fait des outils exceptionnels pour la recherche, notamment pour un jour soigner des pathologies comme le diabète, la maladie de Parkinson ou la paralysie des blessés de la moelle épinière. Certaines des cellules humaines sont dites «souches», parce qu'elles sont à l'origine de toutes les autres, avec la capacité de se reproduire à vie sans se modifier. Les cellules souches dites adultes servent au renouvellement des tissus.
Avec AFP
the question is: est ce que ça va réduire l'expérimentation animale?