Le 19 avril, dans la « guerre civile » qui secoue actuellement l'Espagne autour de la « fiesta nacional », la Faculté de Sciences biologiques de l'Université de Valence a rendu publique une prise de position contre la corrida.
L'Université de Valence est l'une des plus anciennes et des plus importantes d'Espagne.
Valence, capitale de la Communauté valencienne (situé au sud de la Catalogne, et également de langue catalane) est la troisième ville d'Espagne.
On peut lire cette déclaration sur le site de l'Université :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Cette déclaration fait l'objet d'une dépêche de l'agence de presse EFE, qu'on peut retrouver ici :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Et ABC, 3ème quotidien d'Espagne (le plus réactionnaire et le plus pro-taurin) y consacre un article :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Cette prise de position de la Faculté des Sciences biologiques de Valence vient en réponse à la proposition de la Generalitat Valenciana (les institutions autonomes de gouvernement) de déclarer la corrida « Patrimoine d'intérêt culturel ».
La déclaration insiste sur l'apport de la biologie à « une nouvelle vision des relations homme-animal » : « études du comportement, des capacités cognitives et du système nerveux ». Cet apport met en évidence la « continuité évolutive entre l'homme et les autres animaux », au détriment de la « conception traditionnelle basée sur la croyance en une discontinuité radicale, voire une opposition, entre l'être humain et les autres animaux ».
Elle rappelle que « les taureaux éprouvent de la douleur, du stress et de la souffrance, présentant des caractéristiques analogues à ceux des êtres humains ».
Et la culture, dans tout ça ? « Le patrimoine traditionnel d'une société est un bien à préserver à condition qu'il n'existe pas de principes prépondérants justifiant son extinction. Les traditions changent, et des pratiques considérées comme acceptables voici à peine quelques années sont actuellement illégales ou éthiquement inacceptables ».
Ainsi, « au-delà des considérations scientifiques, la société devrait se demander si un spectacle dont la violence "en direct" forme la part substantielle, quels qu'en soient les autres éléments, est un bien culturel à préserver et à transmettre aux générations futures. »
La Faculté des Sciences biologiques conclut sa déclaration en affirmant « son opposition aux corridas et aux autres spectacles où se pratiquent des mauvais traitements sur les animaux, et à leur prise en compte comme "Patrimoine d'intérêt culturel", et appelle l'Université de Valence et les autres Facultés biologiques et vétérinaires de toute l'Espagne à adopter cette position. »
Espérons que cette Faculté exemplaire sera entendue. Et que cette déclaration, d'une remarquable rigueur, pèsera sur le débat au Parlement catalan. Elle pèsera en tout cas certainement sur les démarches taurines visant à faire inscrire la corrida au Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO.
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Jean-Paul Richier