Daniel Modérateur
Nombre de messages : 5779 Age : 66 Localisation : Roquettes Activité : militantisme pour les animaux Loisirs - passions : méditation, photographie Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: Nous avons testé le droit à manifester pendant les JO de Pékin Jeu 14 Aoû 2008, 20:52 | |
| Peut-on vraiment manifester à Pékin pendant les JO? Les autorités chinoises avaient désigné des lieux à cet effet. Pourtant toujours pas l'ombre d'une pancarte... Aujourd'hui la Chine a décidé de se prêter à l'exercice.
Afficher l'image Le parc Ritan, un des lieux autorisés pour manifester Le parc Ritan, un des lieux autorisés pour manifester
Le 23 juillet dernier, les autorités chinoises ont promis que pendant les JO, des manifestants pourraient se réunir dans trois parcs désignés à cet effet, à condition toutefois d'obtenir une autorisation. Mais le processus pour obtenir le précieux sésame a de quoi dissuader les plus téméraires.
Deux journalistes d'Aujourd'hui la Chine se sont prêtés à l'exercice. Le prétexte trouvé - une manifestation contre l'utilisation de la bile des ours en médecine traditionnelle -, s'ensuit un après-midi entier au téléphone pour trouver le bon interlocuteur, chaque personne contactée renvoyant à une autre : le responsable du parc de Zizhuyuan d'abord - l'un des trois parcs autorisés pour manifester au nord-ouest de la ville - puis le Bureau de police de Pékin, la station de police du district, le Bureau de la sécurité publique, le Bureau des affaires législatives qui finit par envoyer la balle au Comité d'organisation des JO de Pékin (Bocog).
Réponse de ce dernier : "On se renseigne, on vous rappellera". Quatre heures plus tard, coup de fil du Bocog indiquant le numéro du Bureau des entrées et sorties. "Il faut venir vous présenter en personne au guichet n°12", explique-t-on ici.
Deuxième étape le lendemain matin. Au bureau n°12, un officier de police emmènent les candidats dans une petite salle où attendent six autres agents. L'entretien sera intégralement filmé et les journalistes prises en photo à plusieurs reprises.
Tandis qu'un agent effectue la photocopie des passeports et des cartes de presse, un autre relève l'identité des candidats. Commence ensuite un rappel des principes encadrant le droit à manifester. "Vous ne pourrez pas faire la demande tout de suite car il faut une lettre en chinois rédigée par la personne désignée comme responsable de la manifestation. C'est elle qui sera chargée de contrôler les troupes pendant le rassemblement et qui doit venir en personne déposer la demande".
Sur cette lettre, doivent notamment figurer le lieu, l'itinéraire, les supports (utilisation de banderoles, de pancartes...) et les slogans utilisés, puis le motif.
Une fois celui-ci exposé, un autre agent intervient pour essayer de dissuader les visiteurs. "C'est inutile. La Chine interdit déjà l'utilisation de la bile des ours". Peu importe, il s'agit de la défense de la cause animale en général. S'ensuit une discussion pour tenter de justifier l'utilité d'une telle manifestation.
"Vous-mêmes, vous portez des chaussures en cuir d'animaux... Si vous voulez vraiment savoir si on peut manifester, vous pouvez demander une interview, poursuit l'officier. En plus, si vous manifestez pour un faux motif, vous utilisez l'argent du contribuable chinois car vous allez mobiliser inutilement des forces de police".
Pendant qu'un autre agent enregistre l'objet du grief, le premier continue d'égrener les conditions. La lettre doit notamment lister l'identité des participants, sachant qu'aucune personne non répertoriée ne pourra ensuite se joindre au mouvement. Il en va de la responsabilité du chef de la manifestation.
Si les candidats veulent toujours poursuivre leur démarche et déposer la lettre, il faudra aux autorités chinoises trois jours pour l'examiner, et la réponse interviendra deux jours avant la date prévue pour la manifestation. La démarche s'en est arrêtée là.
Pas étonnant qu'à ce jour, aucune manifestation n'ait eu lieu dans un des trois parcs, selon les différents responsables des parcs contactés. Et les rares ressortissants chinois à avoir tenté le coup de leur côté finissent en détention ou se sont fait renvoyer chez eux.
Des faits qui donnent un goût amer aux propos tenus le 3 août dernier par le directeur de la sécurité du Bocog, Liu Shaowu. "A partir du moment où la manifestation a été approuvée, la police chinoise protégera les droits des manifestants conformément à la loi". Encore faut-il pouvoir faire la demande... | |
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